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- Expertise article
- I. Messager, Aline Lefèvre, R. Jagu
Introduction
Le Syndrome Dysgénésique et Respiratoire Porcin (SDRP) est une pathologie virale qui se caractérise par des troubles de la reproduction chez les truies et des problèmes respiratoires chez les porcs en croissance. C’est une des pathologies qui pénalise le plus les performances du porc en croissance (1,2). Le laboratoire Boehringer Ingelheim (BI), dans le cadre de la prise en charge du SDRP en élevage, propose de se baser sur une approche globale en 5 étapes ou « 5 Steps ». Cette démarche a été initiée dans 6 élevages NE du Grand Ouest de la France, à partir de janvier 2016 pour se clôturer fin 2017. L’objectif de ce travail est de dresser un bilan des résultats obtenus suite à l’application de cette méthode dans ces 6 élevages en s’intéressant particulièrement à l’évolution du statut SDRP de chacun des élevages et à leurs résultats technico-économiques.
Matériels et méthodes
Six élevages NE dans lesquels une circulation de SDRPv avait été historiquement mise en évidence ont été inclus. Les éleveurs avaient manifesté leur intérêt et était motivés pour mettre en place un plan de contrôle du SDRP. La démarche « 5 Steps » a alors été mise en œuvre dans chacun de ces élevages, selon le Tableau 1.
Tableau 1 : Démarche «5 steps»
Concernant les plans d’actions, des mesures de biosécurité interne et externe spécifiques à chaque élevage ont été préconisées. Le programme vaccinal « d’attaque » a consisté en une vaccination de masse de tous les animaux présents sur le site deux fois à 4 semaines d’intervalle. La vaccination de « croisière » a consisté en une vaccination de masse du troupeau reproducteur tous les 3 mois et une vaccination, en bande à bande, des porcelets entre 4 et 7 semaines d’âge. Les vaccins utilisés étaient Reprocyc PRRS EU chez les reproducteurs et Ingelvac PRRSFLEX EU chez les porcelets (selon le Résumé des Caractéristiques du Produit - RCP).
L’évolution du statut des élevages vis-à-vis du SDRP a été évaluée tel qu’indiqué en étape 2 (Tableau 1). L’évaluation de l’évolution des résultats techniques a été réalisée sur la base de la GTTT pour les performances de reproduction (6 élevages sur 6) et sur la GTE (5 élevages sur 6). Les données ont été enregistrées « bande à bande » afin de comparer, le plus précisément possible, deux périodes bien définies (« avant » et « après » mise en place du plan d’action). La date « charnière » entre ces deux périodes correspondait à l’acquisition complète de l’immunité suite à la vaccination de masse de l’ensemble des animaux. Dans la mesure du possible, pour la période « avant », la période de récupération des données a été fixée à une année avant la date « charnière ». Une approche économique a été réalisée en utilisant l’outil Pigsim (IFIP) pour la partie reproduction et l’outil Becal (BI, base novembre 2017 ; prix du porc de 1,33 €/kg ; prix de l’aliment de 228 € /t) pour la partie porcs en croissance.
Résultats
Le Tableau 2 décrit les 6 élevages inclus dans le bilan, les objectifs initiaux par rapport à la mise en place d’un plan de contrôle du SDRP ainsi que les plans vaccinaux (phase de « croisière » uniquement) en place avant et après l’application de la démarche « 5 Steps ».
L’évolution du statut SDRP des élevages est décrite dans le Tableau 3. Concernant les reproducteurs, la plupart des élevages étaient « positif / stable » avant la mise en œuvre du plan et le sont restés. L’élevage n°5 qui était « instable » est quant à lui devenu « stable ». Pour les porcs en croissance, on constate une évolution favorable de leur statut par rapport au statut initial dans l’ensemble des élevages, excepté l’élevage n°4.
Les Tableaux 5 et 6 résument l’évolution des performances de reproduction et de croissance respectivement. Le plan d’action a résulté en une amélioration nette, voire significative, des performances de reproduction dans la plupart des élevages. Au total, le nombre de nés totaux et de nés vifs a augmenté de 0,5 porcelet, le nombre de sevrés de 0,7 soit un gain de 3,7 € /porc. Les performances de croissance se sont améliorées également avec une augmentation significative du GMQ sevrage-vente dans 2 élevages (élevages n°1 et n°4). On constate aussi, via la réduction des écart types, que les performances sont plus régulières, y compris dans les élevages où le GMQ moyen est resté stable. L’augmentation globale de 38 g de GMQ sevrage-vente représente un gain de 2,6 € /porc.
Discussion et conclusion
Dans le cadre de la gestion du SDRP en élevage, ce bilan dans 6 élevages NE montre que la mise en œuvre de la démarche «5 steps » est adaptée. Globalement, nous constatons une évolution favorable du statut des élevages inclus vis-à-vis du SDRP. La plupart des élevages, sauf le n°5, avaient pour objectif l’éradication. Elle semble être en bonne voie pour l’élevage n°6. Pour les autres élevages, une souche sauvage a été mise en évidence sur des porcs en croissance dans l’élevage n°4, une souche non différentiable du vaccin utilisé sur les truies a été mise en évidence sur les porcs en croissance de l’élevage n°3 et une souche non séquençable a été isolée dans l’élevage n°2. Ces résultats montrent que l’éradication est un objectif envisageable mais ambitieux et soulignent l’importance de bien calibrer les objectifs de départ en tenant compte à la fois de la situation initiale vis-à-vis du SDRP et des contraintes listées dans l’étape 3 de la démarche « 5-steps ».
Les performances du troupeau de truies après la mise en place du protocole « 5 Steps » se sont améliorées. A l’exception de l’éleveur n°6, pour lequel aucune clinique évocatrice de SDRP n’était visible préalablement au démarrage du protocole « 5 Steps », tous les autres ont déclaré avoir observé une meilleure constance des résultats, une moins grande variabilité inter-bande. Quatre des élevages inclus dans ce bilan utilisaient auparavant un protocole vaccinal et un vaccin vivant atténué différent de Reprocyc PRRS EU qui a été systématiquement appliqué « en masse » sur les truies (selon le RCP). Les améliorations observées sont potentiellement à mettre en relation avec ce changement de vaccin et / ou de protocole vaccinal. Par ailleurs, la mise en place de la vaccination porcelets dans le cadre du plan d’action a également pu avoir un effet bénéfique indirect sur la réduction de la pression d’infection globale du troupeau et par conséquent sur les performances des truies. Enfin, les mesures sanitaires (conduite d’élevage, biosécurité) nouvellement préconisées dans le cadre de cette démarche ont également pu contribuer à l’amélioration des résultats techniques.
Le GMQ sevrage vente est en augmentation, + 38g, si on compare les périodes « avant » et « après », avec des disparités entre élevages. Les élevages pour lesquels nous ne constatons pas d’augmentation sensible de la croissance ont soit été confrontés à des co-infections majeures (PCV2) comme dans le cas de l’élevage n°2 ou ont eu des conduites d’élevages à risques (ex : augmentation de la densité suite à augmentation de la prolificité). Néanmoins, dans tous les élevages, l’écart type entre bandes diminue de 7,2g indiquant une meilleure homogénéité des porcs à l’abattoir.
Les résultats techniques en amélioration obtenus après la mise en place du plan d’action montrent l’intérêt des mesures proposées.
Remerciements
Les auteurs remercient Marie-Sophie VEREECKE, les vétérinaires de la SELAS Hyovet ayant contribué à ce bilan ainsi que les éleveurs pour leur implication dans la réalisation et la collecte des données nécessaires à l’élaboration de ce bilan.
Références
- Nathues et al. (2017) Prev Vet Med 142, 16-29
- Fablet et al., (2017) AFMVP proceeding p 125
- Holtkamp et al., (2011), Swine Health Prod 19, 44-56
- Lewandowski et al., (2017) AFMVP proceeding p 121